Lettre à mon hypersensibilité
Je te hais. Tu es cette partie de moi que je voudrais faire disparaître.
Mais sans toi je ne serai pas la personne que je suis maintenant.
Donc en te haïssant, c’est en partie moi que je hais.
Tu es si dur à comprendre. Alors que certains vont justes sourire, je ris aux éclats. Alors que certains vont juste montrer leur désaccord, je hurle mon mécontentement. Un moment de bonheur, je ressens une joie intense. Un instant de tristesse, je suis ravagée par ma souffrance. Un compliment, je déborde de reconnaissance. Une petite critique, je remets tout en question. Une remarque désagréable, je sombre dans le désespoir.
Lettre à mon autisme
Je t’écris aujourd’hui pour te dire que ça a été compliqué de vivre avec toi. Toi dont je ne connaissais pas encore le nom il y a 5 ans.
Tu me dictais des gestes décalés, balancés, empilés et répétés. On me disait d’arrêter, c’était une telle frustration ! S’empêcher de ressentir et de réagir au monde extérieur, pour juste ne pas paraître anormal. Quel enfer…
En primaire déjà, tu agissais dans l’ombre et tu faisais des ravages : tu ne comprenais pas les humains qui sautillaient devant toi, tu rigolais à leurs remarques, comme si c’était des compliments. Chez eux comme chez moi, tu créais la panique.
Lettre à l’amour
LUNDI
Grande abstraction commune à tous les êtres humains vivants sur terre, présente dans toutes les choses que nous convoitons et celles que nous craignons ne pas avoir, je vous ai donné mon entière confiance et je me suis faite avoir.
Tous les jours, je vous ai vu dans ses yeux, je vous ai entendu dans son rire.
Je vous sentais au fond de moi quand il me disait « je t’aime ». J’ai tellement été éprouvée que cela me brûlait le cœur. Puis, vous m’avez quittée.
Lettre à la vieillesse
Quand je pense à toi, je vois tout de suite le visage d’une femme. C’était ma grand-tante. Elle avait le visage dur et doux à la fois. En ayant été institutrice elle a dû cultiver ces deux facettes. Elle se tenait toujours très droite telle une femme sûre et forte. Elle avait souvent le sourire aux lèvres et sa voix s’élevait doucement. Elle avait une énergie débordante et des connaissances à n’en plus finir. Je n’ai rien oublié d’elle, même si son image devient de plus en plus floue.
Lettre à ma grand-mère emportée par le corona virus
Grand-mère,
Tu ne comprends pas le français, je le sais. J’en suis désolée, mais c’est la langue que je maîtrise le mieux. Et j’ai besoin de maîtriser la langue avec laquelle je t’écris, pour trouver les mots, pour être capable de te les dire.
Cela faisait déjà des mois que tu ne sortais pas, ce n’était pas dans tes habitudes. Et pourtant, il a fallu que ce virus te rattrape… Comme quoi on n’échappe pas à son destin…
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Lettre à la pensée positive
Je t’écris aujourd’hui pour te parler de mes peurs, de mes tremblements. J’espère que tu seras indulgente envers moi, que tu me comprendras sans me juger.
Tu sais, j’ai peur de ne pas trouver un métier idéal, peur de ne pas trouver la personne avec qui je partagerai le grand amour. Je t’entends déjà me dire « Laisse faire les choses et tout ira bien, ne te casse pas la tête ! » J’apprécie cette phrase magique, mais j’aimerais plutôt te programmer en moi.
Lettre à la petite que j’étais
J’écris cette lettre à quelqu’un qui m’est cher. J’écris cette lettre à quelqu’un qui est loin de moi. J’écris cette lettre à quelqu’un qui ne me connaît pas encore. J’écris cette lettre à quelqu’un qui ne peut pas me répondre.
L’innocence s’en est allée au fil des âges. Tu n’es plus là et je sais que plus jamais je ne te reverrai. Parfois tu me manques. Je me souviens de toi avec une petite coupe à la garconne qui aimais jouer avec les insectes et cueillir des fleurs au contact de tes plus doux amis, les chats. En ce temps-là, rien n’avait d’importance. Tu n’avais rien à décider. Tu n’étais qu’une enfant.
Lettre à ma barbe
Je pense souvent à toi. Avec toi à mes côtés, je serais capable d’arborer un franc sourire. Car tu embellirais mon visage d’habitude si triste. J’aimerais sortir avec toi pour affronter les rues sauvages, avec la confiance que tu donnes. Avoir la joie de me réchauffer contre toi quand il fait froid.
Lettre à mes pensées
Chères pensées,
Cette lettre ne sera sans doute pas la dernière. Vous m’apparaissez parfois sous forme de souvenirs, d’images, de sensations. Vous êtes si nombreuses, insaisissables, changeantes. Vous êtes là, de jour comme de nuit, par temps de pluie ou sous un grand soleil, dans mon espace, mon univers d’adolescent. Vous me perturbez, vous me rendez parfois taciturne, parfois plus fort. Je sais que vous êtes là pour m’aider à construire cet adulte que j’essaie de devenir, mais je sais aussi que vous pouvez être destructrices.