Chères pensées,
Cette lettre ne sera sans doute pas la dernière. Vous m’apparaissez parfois sous forme de souvenirs, d’images, de sensations. Vous êtes si nombreuses, insaisissables, changeantes. Vous êtes là, de jour comme de nuit, par temps de pluie ou sous un grand soleil, dans mon espace, mon univers d’adolescent. Vous me perturbez, vous me rendez parfois taciturne, parfois plus fort. Je sais que vous êtes là pour m’aider à construire cet adulte que j’essaie de devenir, mais je sais aussi que vous pouvez être destructrices.
Parmi vous, une en particulier me taraude ces derniers temps : suis-je apte à devenir l’homme que je veux devenir ? La chance me sourira-t-elle ? Est-ce que je suis assez serviable, assez gentil ? Qui ai-je pu blessé avec mes injures ? Est-ce que j’ai fait les bons choix ? Pour vous calmer, j’écris des poèmes, je pense au gens que j’aime et à mes amourettes.
Libérer mes pensées en écrivant me fait un bien fou ! Mes mots embellissent la feuille et me donnent l’occasion de m’exprimer dans un vocabulaire plus ample, qui s’éloigne de celui si communément utilisé par mes congénères adolescents.
Mes chères pensées, vous pensez forger chaque individu, mais ne sont-ce pas les individus qui vous forgent ?
Je sais qui je suis : un adolescent qui cherche à devenir un adulte qui gardera quelques-uns de ses rêves d’enfant.
Vincent, quelque part vers Marseille