Cela fait longtemps que je t’ai mis sur la touche. Pourtant pendant presque un an, tu étais à mes côtés, dans mon lit, roulé en boule, vers mon oreiller. Quand j’étais triste et que mes larmes coulaient, je te serrais fort contre moi, en espérant que ça allait passer. Tu étais si doux et aussi trop grand pour moi. Je t’ai caché de tous, de ma famille, de mes amis.
Avec toi je ne me sentais plus seule. Dans mes rêves, je te voyais t’éloigner lentement, je te disais alors de rester, d’avoir confiance, que toi je ne te laisserais jamais tomber. Car tu le sais, j’ai l’habitude de partir sans prévenir. Je l’ai fait souvent avec d’autres avant toi. Je me sens vite étouffée.
Malheureusement les choses ont changé peu à peu.
Toi qui me connais mieux que personne, qui étouffais mes cris la nuit quand je voulais cacher au monde entier ma douleur et ma déception, tu m’as assez fait souffrir. Ce côté fleur bleue que tu appréciais tant chez moi a aujourd’hui complètement disparu. Tu as joué avec le feu et tu t’es brûlé tout seul. Il ne reste qu’un peu de cendre sur toi. Je te le promets, notre séparation va te faire aussi mal qu’à moi.
Aussi écoute bien ce que j’ai à te dire : j’ai cadenassé mon cœur, me suis recouverte d’une solide carapace, me suis munie d’un gros bouclier ; plus rien ne peut m’atteindre. Je me sens forte à présent. Tu sais, j’ai survécu à tout, esquivé les coups, gardé la tête haute et je me suis toujours relevée. Je sais ce que je vaux et je sais ce que je veux.
Tu devras te passer de moi. Oublie-moi, pour ton bien et le mien. Tu m’as beaucoup donné et tu m’as fait perdre mon temps. Aujourd’hui je me regarde dans la glace, un sourire aux lèvres, le regard confiant, prête à affronter la vie, sans toi.
Voilà un mois que j’aurais dû t’écrire cette lettre. Car aujourd’hui, tu t’en doutes, la sentence tombe : je te donne à qui voudra, sans remords et sans regret.
Sophia, Besançon