Lettre à mon hypersensibilité

Je te hais. Tu es cette partie de moi que je voudrais faire disparaître.
Mais sans toi je ne serai pas la personne que je suis maintenant.
Donc en te haïssant, c’est en partie moi que je hais.

Tu es si dur à comprendre. Alors que certains vont justes sourire, je ris aux éclats. Alors que certains vont juste montrer leur désaccord, je hurle mon mécontentement. Un moment de bonheur, je ressens une joie intense. Un instant de tristesse, je suis ravagée par ma souffrance. Un compliment, je déborde de reconnaissance. Une petite critique, je remets tout en question. Une remarque désagréable, je sombre dans le désespoir.

Grâce à toi les moments de bonheur deviennent plus beaux, plus intenses. Je me donne à fond à tout ce que je vis et je n’en ressens qu’une plus grande joie. Sans toi je n’aurais pas les personnes à qui je tiens énormément à mes côtés.

Mais les moments de douleur sont encore plus violents, me détruisant littéralement de l’intérieur. Dans ces moments-là je n’arrive plus à voir aucune issue. Il n’y a plus que ma peine, prête à m’engloutir. Je me sens comme dans une pièce noire, seule, sans échappatoire. Les mains sur la tête, les larmes aux yeux, je veux crier au désespoir mais je ne peux pas. Je n’ai pas le droit de flancher. Je dois rester forte, faire croire que tout va bien. Je te sens bouillir en moi et je sais que viendra le moment ou tu éclateras.

Est-ce que tu me condamnes à ne plus jamais être heureuse ? À errer dans ma souffrance, seule ? Car même entourée de mes proches tu me fais me sentir seule. Tu me laisses sans force et sans larme.

Je voudrais pouvoir retrouver le sourire, aller de l’avant, pouvoir me dire que ce n’est pas si grave, qu’avec le temps va, tout s’en va. Moi aussi, j’ai droit à la vie.

Laisse-moi tranquille, disparais. Mais en même temps reste, ne pars pas, j’ai besoin de toi. De cette sensibilité que tu me donnes. De cette chance de comprendre mieux les autres. De pouvoir les aider. De cette capacité à ressentir ce qu’ils ressentent, cette empathie qui me permet d’aider les autres. C’est une chance de pouvoir épauler ces amis.

Peut-être que je devrais me servir de toi. Ce serait un premier pas pour t’accepter. Car je ne pourrai jamais te bannir, tu fais partie de moi. Il faut juste que j’apprenne à vivre avec toi, en me protégeant. Te refouler, te haïr, m’épuisent. Mais pour le moment c’est la seule chose dont je suis capable.

Lana, Besançon

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