Lettres pour me raconter

Du plus loin que je me souvienne, on a toujours eu une relation compliquée. Il faut dire que tu es entré dans ma vie assez brusquement. Je ne connaissais pas vraiment ton existence avant que tu me fasses mal. Ce jour-là, en regardant le sang couler dans la baignoire, je me suis demandée lequel de mes organes était en train de décéder. Une adulte compétente m’a dit que c’était toi, ça ne m’a pas tellement rassurée.

Elle a aussi dit que c’était par toi que je pouvais faire des bébés, et que maintenant j’étais une femme. Ça ressemblait à une mauvaise nouvelle. Moi qui ne voulais déjà pas d’enfants, j’ai été tellement en colère ! On venait de m’annoncer qu’il y avait un monstre dans mon ventre qui, tous les mois, me rendrait malade sans mon consentement. Douze semaines par an je devrai me gaver de cachets et cacher les traces de sang. Je n’ai jamais très bien compris pourquoi c’était si honteux. Je trouvais ce manège ridicule : se tordre devant un miroir, demander à une copine si on a une tâche, chuchoter pour demander une serviette, enfouir les protections dans des boîtes. C’était ridicule mais je m’y pliais quand même. Tu es apparu en trimbalant avec toi tous les changements ingrats de l’adolescence, avec ses douleurs et ses incertitudes. Je n’avais pas les clefs pour t’accueillir.  

Tu comprends, j’ai toujours entendu qu’il fallait toujours être la meilleure version de soi-même : la version dynamique et proactive. Je voulais être forte, je ne voulais ne jamais pouvoir être infériorisée à cause de mon genre ou à cause de mon sexe. Je ne voulais jamais être taxée d’hystérique ou de pleureuse. Je ne voulais pas être considérée comme une boîte à bébé. J’ai voulu rejeter ma féminité.

Adolescente je pensais qu’une « vraie fille » était une nunuche rose et hypersensible qui n’a pas d’humour. Ça m’a permis d’avoir plein de copains garçons. J’étais tellement heureuse quand je sentais qu’ils me considéraient comme l’un des leurs, quand ils oubliaient le temps d’une soirée que j’avais des seins. Je ne me revendiquais fille que lorsque je voulais parler de sexisme ou draguer quelqu’un.

Puis j’ai découvert le féminisme, par petites parcelles. J’étais révoltée contre chaque nouvelle injustice que je découvrais. Evidemment, je n’ai jamais pensé consciemment que c’était de ta faute, mais je t’en voulais dans le fond. Sans toi on ne m’aurait peut-être pas différenciée d’un homme. Et puis on ne m’aurait jamais traitée d’hystérique, puisque cet horrible mot naît de ton étymologie. Je voulais être « comme un homme » pour être traitée comme leur égal, et tes stupides règles m’en empêchaient. Je ne pouvais même pas m’organiser en fonction d’elles, car elles n’arrivaient jamais quand elles étaient prévues. Les symptômes changeaient tous les mois : parfois j’avais trop mal pour faire du sport, parfois je pleurais comme une madeleine devant des pubs pour céréales, parfois je perdais du sang jusqu’à l’anémie.

Je suis tombée amoureuse, j’ai essayé la pilule, j’ai pris 12 kilos. J’ai voulu changer, la gynéco m’a répondu que le préservatif ne faisait pas grossir. À partir de ce jour, la quête impossible pour trouver un contraceptif qui te soit adapté a commencé. Celle pour trouver un gynéco qui soigne les douleurs de règles avec autre chose que de l’antadys aussi. J’ai vite eu autant de gynécologues que d’amant.e.s. Rien ne fonctionnait : les pilules, les stérilets, l’implant … À chaque nouvelle tentative la situation empirait. Je ne compte plus le nombre de jours où, lorsque tu saignais, je ne pensais qu’à m’ouvrir les veines. Je t’ai haï pour toutes ces journées où tu m’as fait mal au point de ne plus pouvoir me lever, pour toutes les saloperies que je devais prendre pour vivre avec toi, pour l’argent que tu me coutais, pour le temps passé chez des médecins qui n’avaient aucune solution à me proposer. J’ai espéré tellement de fois être stérile. J’ai tellement prié pour que tu n’existes pas. Je me demandais à quoi tu servais mis à part me faire mal et me coûter du temps et de l’argent. Tu étais à mes yeux une chose qui ne m’appartenait pas, une sorte de parasite. 

Malgré les hormones, je suis tombée enceinte. C’était la deuxième fois. J’étais passée au stérilet pourtant, pour être sûre que ça ne réarrive pas. En fixant le test de grossesse, je me suis demandée si c’était une mauvaise blague. Cette fois l’embryon s’est accroché, l’avortement s’est mal passé. 

J’ai décidé de me tourner vers d’autres médecines : vers les savoirs brûlés des herboristes et autres sorcièr.e.s. C’est un processus lent qui n’a pas encore porté tous ses fruits, mais grâce à lui j’apprends à mieux te connaître. Au fil des apprentissages j’ai réalisé que j’étais cyclique, comme le reste de la nature. J’ai aussi réalisé que notre société ne nous donnait pas accès à ce cyclisme. Il faudrait toujours être proactif, dynamique, égal. Peu importe les saisons ou la période. J’ai compris pourquoi tu m’avais fait autant de mal toutes ces années. Je ne savais pas t’écouter. La méconnaissance, la honte puis la haine que j’ai porté à ton encontre ne pouvaient pas te permettre d’être en bonne santé.

Aujourd’hui je veux m’excuser pour toutes ces années où je t’ai rejeté. Pardon pour toute la colère que j’ai eu contre toi. Pardon de nous avoir fait du mal. Je te promets qu’à partir de maintenant je ferai de mon mieux pour t’écouter. Je veux apprendre à célébrer chaque période de notre cycle : les jours où je suis une lionne malicieuse comme les jours où je suis une loutre en boule au fond d’un lit. Je le sais désormais : j’arriverai réellement à être forte le jour où je saurai embrasser l’entièreté de ce que je suis. Je serai à l’aise dans mon corps quand je saurai être attentive à tous ses signaux, et aux tiens particulièrement. J’ai hâte qu’on y arrive. Je vais faire de mon mieux pour être patiente d’ici là, c’est promis.

Elise – 23 ans – Quelque part en Seine-et-Marne

© 📸 Timothy Meinberg via @unsplash

Lettres pour me raconter

Ça fait longtemps que je ne t’ai pas écrit. Ou plus exactement, je ne t’avais jamais envoyé ce que j’avais couché sur le papier.

Tu es arrivée brusquement dans ma vie, il y a presque 5 ans. Il paraît que tu fais souvent ton apparition entre l’âge de 15 et 25 ans. On t’a donné le nom de décompensation psychotique. Un mot impossible pour décrire quelque chose qui m’a fait sortir du réel. La première fois qu’on m’as parlé de toi, je n’ai pas compris grand chose, car c’était en anglais, dit par le médecin qui me suivait en Turquie. Ensuite médecins et psychiatres me l’ont réeexpliqué en France. Tu cherchais à “rompre mon équilibre psychique avec des épisodes délirants très brusques”. Aujourd’hui j’ai besoin de te raconter ce qu’il s’est passé entre nous, pour me délivrer de toi une bonne fois pour toutes.

Une nouvelle réalité

Tu t’es manifestée dans un petit paradis, aux Cameron Highlands, entourée de plantations de thé, où j’étais en backpacking pour 3 mois en Asie. J’ai ressenti un changement radical en moi, un changement effrayant et magnifique à la fois. Cette sensation qu’une énergie avait pris possession de moi. J’en ai eu des fourmillements dans les moindres recoins de mon corps. Quelque chose en moi comprenait qu’il fallait que je rentre en France, mais c’était déjà trop tard.

Dans la réalité que j’étais la seule à percevoir, le temps passait de manière irrationnelle : le soleil se déplaçait d’est en ouest en l’espace d’un battement de cil, et chaque musique que j’avais l’habitude d’écouter avait été comme remixée par mes mouvements, comme si nous étions connectés. C’est vrai que c’était très étrange, mais c’était aussi génial et j’aurais aimé que tout le monde puisse l’écouter.

Tu me protégeais du monde extérieur, en me disant que j’étais mieux ici. Tu faisais de moi quelque chose d’agité. Je parlais je réfléchissais, comme si j’étais devenue quelqu’un d’autre, certaine que le monde dans lequel j’avais toujours vécu n’était qu’un mirage.

Une voix m’est revenue – bien réelle – que j’écoutais depuis mes 15 ans. Chacune de ses chansons me confirmait qu’on était liés. J’avais l’impression de communiquer avec Lui. En pleine nuit, alors que mes amis dormaient, je me suis enfuie de l’hôtel pour le suivre, sentant mes pas guidés par une force étrangère, pour enfin le rejoindre.

La capture

J’ai chanté tout du long, écouteurs dans les oreilles. J’ai balancé sur le chemin toutes les affaires que j’avais sur moi, une à une. J’ai commencé par mes bijoux, et j’ai fini par mes vêtements et mes chaussures. Tous ces biens matériels ne m’étaient plus d’aucune utilité là où j’allais. Je me suis retrouvée à marcher en maillot de bain au beau milieu des routes de montagnes, jusque dans la forêt.

Rappelle-toi…La peur qu’ont eue mes amis lorsqu’ils se sont réveillés et qu’ils ont vu que je n’étais plus là. Le moment où ils sont partis à ma recherche et m’ont retrouvée couverte de bleus. L’avion dont on m’a fait sortir de force lors de l’escale.Le premier hôpital où on m’a amenée sans même que je m’en rende compte.

Enfermée

Rappelle-toi…
De ma famille, impuissante.De la peur et de la détresse pendant un mois d’enfermement. Des piqûres, des barreaux aux fenêtres, des médicaments. 
Des camisoles de force.De ce froid ambiant, ces murs jaunis par le temps.De cette odeur particulière qu’on ne trouve que dans les hôpitaux.

La terreur lorsqu’on m’enfermait dans cette pièce minuscule, sanglée sur le lit. 
De ma nuque douloureuse, à force d’essayer de regarder par la fenêtre qui se trouvait derrière moi, le seul puits de lumière qui me permettait de ne pas perdre complètement pied.
Les journées passées avachie sur une banquette, amorphe, après chaque piqûre de tranquillisant. 
Et cette idée…

que je ne sortirais plus jamais d’ici.

Sortir de l’enfer

Plus le temps passait, moins tu te manifestais. Au bout de 15 jours, j’avais commencé à retrouver l’appétit. J’étais moins sédatée, et on m’autorisait à sortir de temps en temps dans la cour. Rentrer chez moi redevenait une possibilité.

Mais à mesure que tes forces s’amenuisaient, je me retrouvais seule, seule dans un pays dont je ne comprenais pas la langue, et tu n’étais plus là pour m’apporter refuge.

On est finalement rentrées en France, toujours ensemble. Puis, petit à petit tu t’es complètement détachée de moi. Je m’exprimais par moi-même et plus par l’autrevoix. Et puis le temps s’est remis à s’écouler normalement. Le soleil, la lune et toutes les planètes se sont remises à leur place. Les musiques étaient redevenues comme avant… seulement des musiques. Je pouvais sortir toute seule et aller boire un café avec mes amis. J’ai même retrouvé du travail.

Revivre “normalement”

J’ai toujours eu du mal à parler de toi avec les autres. J’avais honte, peur d’être rejetée et qu’on ne me comprenne pas. Peut-être qu’avant de pouvoir en parler aux autres je devais d’abord en parler à moi-même… c’est-à-dire à toi. Voilà pourquoi je t’écris. 

J’ai réappris à ne plus être à contre-sens. J’ai teint mes pensées noires en rose, j’ai fait en sorte de redevenir conforme à notre société, et il paraît que c’est bien mieux comme ça. Sauf que tu étais une partie de moi… tu m’as fait devenir qui je suis, et j’aurais peut-être préféré que l’on t’accepte comme une part entière de ma personnalité.

Je veux aussi que tu saches que tu n’as pas fait que me faire sentir anormale. Tu m’as aussi offert une autre vision de la vie et de l’univers. Tu m’as fait grandir. Tu m’as ouvert les yeux et tu as éveillé mon esprit. Tu m’as fait faire un voyage vers une dimension que je n’aurais pas pu imaginer. Mais je devais faire un choix. Car tu vas de paire avec les hôpitaux, la solitude, les médicaments, la tristesse, les regrets et tout ça, j’ai décidé de les laisser derrière moi.

Freud dit que «les comportements, même en apparence les plus insensés, ont un sens». Donc tu as un sens, mais lequel? Tu es «une tentative des êtres à trouver des solutions -certes dysfonctionnelles- à des problèmes profondément humains.» Entre la langue des médecins et celle de la spiritualité, je cherche encore à te définir. Accepter ce bout de chemin passé ensemble, c’est tout ce que j’ai pu faire.

Ana, 25 ans, Haute-Savoie

© 📸 Oscar Keys via @unsplash
💻 graphiste visuel @cess.cess.16

Lettres pour me raconter

Parfois, il arrive qu’un événement nous brise complètement. Un événement si violent, qu’il vient bouleverser toute notre vie : nos habitudes, notre façon de voir le monde, notre façon d’être. Si choquant, qu’il nous pousse à nous isoler. Enfin, c’est ce qui m’est arrivé à moi. Après, j’étais complètement perdue au point de même plus savoir qui j’étais.

J’ai dû parcourir un long chemin pour arriver jusqu’ici. J’ai vécu des moments de vide, des envies de disparaître.

Par la suite, j’ai découvert une force de vie en moi. J’ai dû réapprendre à vivre avec les autres, pour enfin sentir l’espoir renaître en moi.

1.  Expérimenter le vide
Quand c’est arrivé, un vide m’a envahie. Un vide qui vous fait ne plus rien ressentir. Ni joie, ni peine, ni douleur, ni colère. Juste un vide, qui efface peu à peu la personne que vous êtes. Je me sentais complètement inexistante, comme si on m’avait supprimée. Je restais la plupart du temps figée, comme si j’étais le fantôme de moi-même. J’avais l’impression de voir les choses en étant en dehors de mon corps. Je faisais des gestes, mais je n’habitais plus ma vie. Je n’étais même plus capable de suivre une conversation ou un cours.

Je me racontais que ça allait passer. Mais à mesure que le temps passait, j’ai compris que non : on ne peut pas changer cela. C’est quelque chose d’irréversible, un peu comme si on gommait un trait de crayon : on ne le voit plus, mais le papier est marqué. J’ai essayé de reprendre une nouvelle page pour tout recommencer. (J’y ai passé des heures.) Mais les larmes montaient et finissaient par tomber sur la feuille qui se déchirait. Alors j’abandonnais.

2. Vouloir disparaître

J’étais devenue invisible. J’ai pourtant essayé de m’ouvrir à cœur ouvert aux autres. Mais lorsque je voulais me confier, que les mots étaient sur mes lèvres, une force les repoussait dans le fond de ma gorge. Je restais seule. Seule avec mon silence. Condamnée deux fois : la première au moment où ça s’est passé, et puis une deuxième fois, à ne pas pouvoir parler. Condamnée à errer comme une âme perdue, entre la terre et le ciel.

J’ai joué avec la mort. J’avais envie de retrouver ce grand-père qui avait été si présent pour moi pendant mon enfance. Envie de revoir mon ami qui, avant moi, avait décidé de se rendre au paradis. Au lieu de ça, ils m’ont rejetée sur terre, sans vie.

3. Sentir en soi la force de vie
C’était vraiment dur d’avoir envie de vivre. Moi je ne voulais tout simplement plus. Mais j’ai dû essayer de reprendre possession de moi. Aujourd’hui, je suis là de nouveau, à me poser des tas de questions : pourquoi suis-je incapable de me concentrer, incapable de prendre la moindre décision ? Pourquoi je ne me sens à ma place nulle part ? Pourquoi je n’arrive pas à vivre pleinement ?Et puis je repense à eux. À ceux qui ont fait de moi cette personne étrangère. Ce sont eux qui m’ont tuée.

 Puis à force d’errer, on finit par rencontrer d’autres personnes aussi brisées que nous. J’ai fini par nouer une belle amitié avec quelqu’un. On se soutient. D’autres personnes m’ont relevée. Elles m’ont fait comprendre que j’étais à ma place sur terre, que je pouvais devenir la personne que je souhaitais, que j’avais le droit d’avoir des rêves, d’avoir des envies, et même le droit d’avoir des peurs. Grâce à elles, j’ai découvert une force bien cachée en moi. Une force si puissante que par moment, elle nous permet de nous faire sentir vivante.

4. Revivre parmi les autres

Pour l’instant, je veux disparaître au milieu des autres. Je passe la plupart de mon temps à regarder les personnes que je croise. J’observe leurs comportements, leurs réactions, leurs façons de s’exprimer. J’analyse tout ce que je vois, que ce soit dans la rue, dans les transports, en cours, dans les magasins ou lors d’un repas. Je les observe pour les imiter. Parce qu’il est plus simple de se fondre dans la masse et de ne pas se faire remarquer quand on se comporte comme tout le monde. J’essaie de recoller les meilleures parties des personnes que je rencontre, un peu comme une greffe afin de me reconstruire une nouvelle personnalité. Plus tard, je retrouverai peut-être ma place parmi les autres.

5. Redonner un sens à sa vie
Je me suis remise à faire des choses que je m’étais interdites : faire les magasins, sortir avec des amis ou même faire une simple balade en forêt. J’ai repris les études qui me plaisent.
Cela m’a pris 4 ans.

Je me réveille le matin en me disant que je suis enfin sur le point de devenir une nouvelle et une bonne personne utile pour beaucoup de personnes. Finie la petite fille discrète, celle qui n’ose pas dire non. Finie l’adolescente qui ne pense qu’à se bousiller la santé en buvant, en fumant n’importe quoi.

Pour la première fois, j’ai l’espoir que ça marche. Cet événement m’a changé, il fait même partie de moi. Il m’a permis de grandir, un peu trop tôt. Cet événement fait pour me détruire m’oblige à profiter de tous les petits moments de la vie.
Avant, je détestais écrire, je pensais ne pas savoir le faire. J’admirais l’écriture, mais ça me ramenait toujours aux écrits scolaires et aux mauvaises notes. Mais vient le moment où on a besoin d’extérioriser des choses, la plupart du temps douloureuses. Notre cerveau bloque, on est incapable de les dire, mais on sent qu’elles poussent pour sortir, sinon on va exploser. J’ai été accompagnée pendant un moment par des éducateurs et psychologues. C’était compliqué pour eux, car je parlais très peu. Ils m’ont donc proposé de passer par l’écriture. Quand je voulais parler de quelque chose en particulier je venais à la séance avec quelque chose d’écrit.

Aujourd’hui j’écris des pages et des pages pour extérioriser tout ce que je ne sais pas verbaliser. Les sentiments, les problèmes, les solutions que j’ai rencontrées, j’ai envie de les partager par l’écriture.

Mais je voudrais aussi en parler oralement, rencontrer des gens, leur permettre de retrouver leur chemin. Je ne veux pas qu’ils ressentent la solitude et le sentiment d’abandon que j’ai pu éprouver. Je voudrais que ça touche un maximum de monde, leur montrer qu’on peut se sortir d’une situation que l’on pense insurmontable. Qu’il faut du temps, mais surtout qu’il faut savoir demander de l’aide. On me dira qu’avant de vouloir aider les autres, il faut s’aider soi-même. Oui, sans doute. Peut-être. Pourtant, c’est cette promesse qui me fait me sentir en vie.

Ce soir, je sais que j’ai avancé. Bien plus que ce que je pensais en commençant cette lettre. Je suis fière d’avoir surmonté tant d’obstacles et d’être arrivée ici. Mais je reste prudente, parce que je sais que le chemin n’est pas fini et qu’il y a encore beaucoup à faire. Il me faudra du temps pour vivre sereinement, pour ne plus avoir peur. Mais ça ira, parce qu’aujourd’hui, plus que jamais, j’ai envie de vivre.

 Lola, 20 ans, Nord

Relisez la première lettre de Lola : Lettre à mon intimité.

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